"Laisse-moi entrer" de John Ajvide Lindqvist : l'anti "Twilight"





Depuis longtemps, je me passionne pour le paranormal, les mythes et légendes et les superstitions liées à la mort. De fait, je connais assez bien le thème des vampires. Je me suis intéressée de près à de célèbres affaires de vampirisme (Arnold Paole, Peter Plogojowitz, le cimetière d'Highgate...) et j'ai bien évidemment lu le fameux "Dracula" de Bram Stoker, ainsi que le non moins fameux "Carmilla" de Sheridan Le Fanu.

Je vous laisse donc imaginer ma consternation lorsque j'ai lu "Twilight"(longtemps après sa sortie). J'ai bien failli faire une syncope en découvrant que Stephenie Meyer avait transformé les vampires en gravures de mode, qui brillent au soleil et subjuguent de petites lycéennes influençables. 

Pour conjurer le traumatisme, je suis partie en quête d'autres romans traitant du même sujet et j'ai arrêté mon choix sur "Laisse-moi entrer" de John Ajvide Lindqvist.

J'avais vu le film "Morse", tiré de ce roman, et l'avais beaucoup apprécié. J'étais donc curieuse de découvrir le livre qui en était à l'origine.

"Laisse-moi entrer" met en scène un garçon de treize ans, Oskar, affublé d'un léger embonpoint et persécuté par ses camarades de classe, qui vit seul avec sa mère dans une sinistre banlieue de Stockholm. Ce n'est pas la grosse marade tous les jours, loin de là. Entre les moqueries des autres élèves, la solitude et la grisaille ambiante, l'ambiance est plutôt déprime et Prozac que champagne et cotillons. Mais tout change lorsqu'Oskar fait la connaissance d'Eli, sa nouvelle voisine. Auprès de cette étrange jeune fille qui dégage une odeur bizarre, ne sort que la nuit et semble insensible au froid, le garçon fait l'expérience des premiers émois et découvre les joies de l'amitié. Mais, pendant que les deux adolescents se découvrent et s'apprivoisent, des meurtres atroces sont perpétrés dans le quartier. Et si Eli n'était pas étrangère à ces crimes ?

Tout à la fois thriller fantastique et roman d'apprentissage, "Laisse-moi entrer" oscille sans cesse entre surnaturel et réalisme cru. En abordant des sujets tels que le harcèlement scolaire, la pédophilie et la misère sociale, John Ajvide Lindqvist ancre son intrigue dans le réel et donne ainsi une dimension supplémentaire à cette passionnante histoire de vampires.

Violent, sombre et teinté de désespoir, "Laisse-moi entrer" n'est pourtant pas dépourvu de poésie. John Ajvide Lindqvist fait pousser des fleurs dans le bitume, allume une lueur au plus noir des ténèbres et débusque la tendresse là où on ne s'attend pas à la trouver.

Captivant, ce roman aborde le thème des vampires d'une façon résolument moderne mais sans toutefois se détourner du mythe originel.

Un livre qui se situe donc très très loin de "Twilight"... et c'est tant mieux !

Quelques extraits :

"C'était l'un des rêves d'Oskar : assister à l'exécution de quelqu'un sur la chaise électrique. Il avait lu que le sang se mettait à bouillir et que le corps se contorsionnait selon des angles impossibles. Il imaginait également que les cheveux de la personne prenaient feu mais il ne disposait d'aucune description écrite de ce phénomène. Quand même, c'était géant !"

"Elle tendit la main et attrapa la sienne. Il s'arrêta complètement et la regarda. Le visage d'Eli était presque complètement dans l'ombre avec les fenêtres éclairées derrière elle. Bien sûr, ce n'était que son imagination mais il eut l'impression que ses yeux brillaient. En tout cas, ils étaient la seule partie de son visage qu'il puisse clairement distinguer.
De son autre main, elle toucha sa plaie, et cette chose étrange se produisit. Quelqu'un d'autre, une personne beaucoup plus âgée et plus dure, fit son apparition sous la surface de sa peau. Un frisson parcourut le dos d'Oskar comme s'il avait croqué un glaçon." 

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